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École, citoyenneté, ethnicité, revue Recherches en Éducation N°26 - Juin 2016

Enregistrer au format PDF  Version imprimable de cet article Version imprimablelundi 11 juillet 2016

sous la coordination de Béatrice Mabilon-Bonfils et Geneviève Zoïa.

extraits du site de la revue Recherches en Éducation édité par le CREN - Université de Nantes

Lire le numéro (PDF - 177 pages - 2,1 Mo)
© CREN – Université de Nantes, 2016 - licence Creative Commons Paternité - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 2.0 France.

L’objectif du dossier thématique « École, citoyenneté, ethnicité » est d’interroger, sous l’angle de différentes disciplines (anthropologie, sociologie, sciences de l’éducation, psychologie sociale, histoire) et à l’aide d’une approche spatiale comparée, la question très sensible de la formation et de la cohabitation des identités dans nos sociétés contemporaines. La notion même d’ethnicité demande à être questionnée : quel sens revêt-elle selon le contexte culturel considéré ? Comment permet-elle d’appréhender la fabrique du sentiment national, ici et ailleurs ? Nous avons voulu comprendre ce que signifie aujourd’hui être Français, Belge, Mauricien… pour les nouvelles générations, en nous centrant sur un espace de fabrication central de ces identités, celui de l’institution scolaire. Nous nous demanderons en quoi elle est encore partie prenante d’un processus de construction identitaire et dans quelle mesure ce processus est intégrateur, ou bien clivant. Les différentes contributions rassemblées dans ce numéro démontrent que l’on peut plus continuer à penser les expériences scolaires dans un cadre unique et homogène, à l’heure une véritable absence de mixité sociale et ethnoculturelle dans les classes, les établissements, les quartiers entraine des expériences et des socialisations territorialisées et différenciées.

- BÉATRICE MABILON-BONFILS & GENEVIEVE ZOIA - Édito : École, citoyenneté, ethnicité

- BÉATRICE MABILON-BONFILS & VIRGINIE MARTIN - Une École qui crée de l’Autre

Dans notre modèle politique, dont l’école a été l’instrument cardinal, l’Autre doit devenir le Même. L’école républicaine a été construite pour faire du Commun sur un mode assimilationniste. La présence désormais pensée comme durable des cultures minorées questionne notre mode citoyen et donc l’école. L’article historico‐théorique se propose d’analyser un processus social de retournement : une école pensée pour faire du Commun (certes, un Commun produit de rapports sociaux) se transforme en une école qui crée de l’Autre. Il sera nourri d’illustrations empiriques.

- LARUE ALLEN, JULIETTE BERG & HEE JIN BANG - Engagement civique des électeurs au seuil de l’âge adulte en région parisienne

Engagement civique des électeurs au seuil de l’âge adulte en région parisienne
Pour favoriser la participation des jeunes à la vie civique, il nous faut comprendre les facteurs individuels et contextuels qui déterminent leur engagement dans les domaines civique et politique. Cette étude illustre les rapports entre les caractéristiques personnelles des jeunes, le contexte proximal et national dans lequel ils évoluent et leur participation à la vie politique. L’article, qui utilise les données extraites d’une enquête effectuée auprès de 632 élèves de quatre lycées à forte diversité ethnique de la région parisienne, se fonde essentiellement sur celles provenant des 245 participants en âge de voter. Nous y examinons les facteurs relevant du contexte individuel, proximal et national susceptible d’influencer l’engagement des jeunes en utilisant trois indices de participation politique et civique : l’engagement dans des activités politiques, la participation à des mouvements sociaux et la participation non conventionnelle. Il ressort des résultats que les jeunes qui possèdent de plus grandes connaissances dans le domaine politique ont plus de chances de participer à des activités politiques conventionnelles. Les variations dans deux des trois indices s’expliquent aussi par le genre et l’appartenance ethnique. Le rapport étroit révélé entre les contextes de l’école et des pairs et chaque type d’engagement souligne l’importance de l’éducation civique, de l’efficacité collective à l’école et d’un climat de classe ouvert favorisant la discussion dans la promotion de la participation politique des jeunes adultes.

- FRANÇOIS DURPAIRE - La Marseillaise à l’École… ou pas ! Enseigner la France face à l’ethnicisation

L’article 2 de la loi d’orientation du 23 avril 2005 rappelait qu’« outre la transmission des connaissances, la Nation fixe comme mission première à l’école de faire partager aux élèves les valeurs de la République. » Le code de l’éducation rappelle que l’éducation civique « comporte obligatoirement l’apprentissage de l’hymne national et de son histoire. » Qu’en est‐il concrètement de l’enseignement de la Marseillaise, en comparaison par exemple avec les États‐Unis où s’enseigne le Pledge of Allegiance ? Que dit cet enseignement ou non de l’hymne national du rapport de l’école à la transmission d’une « citoyenneté d’adhésion » qui était l’une de ses missions originelles ? Au‐ delà, enseigner la nation est‐elle une des solutions envisagées pour construire du commun dans une école où différentes identités coexistent.

- IULIANA LUNCA POPA - Philippe et Françoise sont-ils mieux appréciés à l’école qu’Illyas et Yasmina ?

La problématique des inégalités à l’école nous ramène inévitablement à la question ethnique, question taboue et phénomène qualifié « d’invisible » en France, qui nécessite une démarche scientifique particulière, fondée sur le recours à des indicateurs indirects de l’origine ethnique des élèves tels que la consonance du nom/prénom, plutôt que de l’aborder de manière directe. Des technologies permettant l’assurance de l’anonymat et actionnant ainsi comme un paravent aux identités des élèves constituent un élément susceptible de briser la relation classique maître‐élève. Compte tenu de ces nouvelles conditions de travail et d’apprentissages apportées par l’utilisation des technologies, les représentations des enseignants à l’égard des performances des élèves changent‐elles ? Est‐ce que les éventuels changements des représentations à l’égard des performances des élèves sont dus à l’origine ethnique supposée de l’élève ?

- PERRINE DEVLEESHOUWER - Les transitions vers l’enseignement supérieur de jeunes d’origine étrangère à Bruxelles

Cet article se penche sur les désirs de mobilité sociale ascendante et sur leur réalisation à travers l’accès à l’enseignement supérieur chez de jeunes Bruxellois d’origine étrangère. Alors que la littérature met en évidence une tendance des groupes migrants à développer de plus hautes aspirations que le reste de la population, cet article démontre que ce lien entre aspirations et projet migratoire n’est pas systématique. Il est médiatisé par l’expérience scolaire qui correspond ici tant à la position des élèves au sein des hiérarchies scolaires qu’à leur vécu subjectif concernant cette position. Cet article illustre aussi les stratégies de bricolage mises en œuvre par les élèves afin de concrétiser leurs aspirations lors de leur entrée dans l’enseignement supérieur.

- DIMITRI CAUCHIE - Les appartenances ethnoculturelles en contexte scolaire à Maurice : auto-identification des futurs enseignants, perception de la diversité des élèves et conception d’une citoyenneté commune

Cet article présente une partie des résultats d’une enquête menée auprès des futurs enseignants mauriciens du cycle primaire durant notre recherche doctorale. Après une brève synthèse de la littérature relative à la diversité des identités ethnoculturelles à Maurice, nous présentons les données qui nous ont permis d’étudier la manière dont les sujets interrogés s’auto‐identifiaient aux plans ethnique et culturel, envisageaient de prendre en compte la diversité de leur public scolaire dans leurs pratiques professionnelles, et concevaient une identité mauricienne commune. Ces résultats montrent une complexité identitaire dynamique et évolutive chez ces futurs enseignants. Si la multiplicité des appartenances communautaires dans lesquelles les Mauriciens peuvent se reconnaître n’est pas niée, il n’entre en revanche pas dans leurs intentions pédagogiques de prendre en considération les singularités culturelles de leurs futurs élèves. L’exclusion du facteur ethnoculturel de leurs activités professionnelles leur paraît être la voie juste de l’égalité scolaire, et le développement d’une identité commune est envisagé dans la perspective d’une « mauricianité » citoyenne ne se référant pas aux appartenances religieuses.

- OLIVIER COUSIN -Que faire de la diversité ? Hôpital et École face aux discriminations ethno-raciales

L’article s’appuie sur une vaste recherche traitant de l’expérience vécue des discriminations. L’École et l’Hôpital publics ont été un des théâtres dans lesquels l’enquête a été conduite. Deux institutions qui historiquement ont été protégées par les discriminations en affichant leur universalisme. L’école n’a affaire, en théorie, qu’à des élèves, l’hôpital qu’à des malades et chacune de ces institutions reste profondément attachée au principe républicain. Pourtant, aujourd’hui, l’une et l’autre vivent et affrontent les discriminations et la reconnaissance de la diversité différemment. Pour comprendre ces différences, il faut rappeler comment l’articulation entre universalisme et particularisme joue à l’hôpital et à l’école. Elle est au fondement même de la pratique médicale, alors que son rejet caractérise historiquement l’institution scolaire. Les discriminations ethno‐ raciales restent peu visibles à l’hôpital parce que son organisation repose sur l’alliance entre un traitement objectif et rationnel du patient et l’individualisation de sa prise en charge. À l’école, elles ne sont pas nécessairement plus importantes, mais elles contaminent l’institution à cause des effets conjugués du tri scolaire et de la ségrégation spatiale différenciant fortement les établissements, et de la gêne à l’égard de la place à accorder à la prise en charge de la diversité.

- JEAN-FRANCOIS BRUNEAUD - Diversité ethnique et religieuse au collège : entre laïcité souple et rigide

Cet article examine une partie des résultats d’une enquête traitant de la diversité ethnique, culturelle et religieuse en milieu scolaire. En se focalisant sur un panel d’élèves de collèges de l’académie de Bordeaux, la nature des rapports des collégiens à la laïcité française est interrogée en fonction de leur origine ethnique, de leur croyance religieuse et de leur appartenance confessionnelle.

- GENEVIÈVE ZOIA - Le traitement de la différence à l’école.Deux cas : adolescence et diversité culturelle

Cet article traite de la place de l’éducation à la diversité et du traitement de la différence ethnoculturelle dans la formation des maîtres en France. Deux domaines d’altérité sont abordés : la culture jeune (Hersent, 2003) et les origines culturelles. Le matériau, ethnographique, est constitué d’entretiens informels et compréhensifs avec étudiants et enseignants, et issu de l’expérience de responsabilité de l’enseignement de Tronc Commun des masters d’éducation en École Supérieure de Professorat et d’Enseignement (ESPE). Les données sont recueillies auprès d’étudiants de toutes les disciplines. Nous montrons que l’espace scolaire est aujourd’hui la scène d’un travail de confrontation de normes permanent, en même temps qu’un lieu politique de légitimation et de reconnaissance, que vient nécessairement rencontrer le champ de la formation.

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