Cette école élémentaire de la Région parisienne est ancrée dans un territoire qui offre
l’image paisible d’un quartier modeste et assez bien tenu, composé de petits pavillons mitoyens entourés d’espaces verts. Elle n’évoque pas les territoires stigmatisés de la banlieue, et son public mixte socialement l’est aussi ethniquement (...). Sur le plan scolaire l’école du T. est aussi une école moyenne, dont le public comprends certes une forte minorité d’élèves en grande difficulté mais qui ne rencontre pas les problèmes massifs d’une autre école du quartier, confrontée à la scolarisation de migrants non-francophones en situation d’urgence sociale. Comment l’école va-t-elle prendre en charge ce petit noyau d’élèves qui peine dés l’école élémentaire à passer les paliers du parcours scolaire ? En quoi les imputations ethniques vont-elles jouer un rôle dans la définition de ce public ?
Pour le comprendre, je me suis intéressée à une perspective constructiviste, centrée sur la construction des problèmes sociaux. J’ai donc cherché à savoir en quoi la difficulté scolaire est un problème pour l’école, comment l’école construit ce problème et son public. En second lieu, je me suis appuyée sur les théories de l’ethnicité pour observer comment les frontières ethniques prenaient effet dans des interactions relatives à la difficulté scolaire. Je me situe par rapport à la problématique des relations entre pratiques scolaires et saillance de l’ethnicité : en quoi des pratiques et des situations scolaires font émerger des imputations de statut ethniques ? (...)