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Bien-être et ressenti des discriminations à l’école. une étude empirique en contexte ségrégué

Enregistrer au format PDF  Version imprimable de cet article Version imprimablejeudi 17 mars 2016, par Barbara Fouquet-Chauprade, sociologue, Université de Genève

- L’Année sociologique 2/2014 (Vol. 64) , p. 421-444
- URL : www.cairn.info/revue-l-annee-sociologique-2014-2-page-421.htm.
- DOI : 10.3917/anso.142.0421.

Résumé

Cet article vise à mieux comprendre les mécanismes du bien-être à l’école. En France, peu d’enquêtes traitent de cette question. Pourtant, Meuret et Marivain (1997) montraient la place centrale du bien-être dans l’explication des phénomènes scolaires. À leur suite, on peut considérer qu’une inégale répartition du bien-être entre les établissements et entre les classes au sein même des collèges constitue une injustice sociale de premier ordre (Fouquet-Chauprade, 2013). L’enquête de terrain s’est déroulée dans six collèges parmi les plus ségrégués des académies de Bordeaux et de Créteil dans lesquels 1350 questionnaires ont été administrés. Dans ce contexte, la question du ressenti des discriminations est particulièrement saillante, et nous faisons l’hypothèse qu’elle explique une bonne part du bien-être scolaire, davantage encore que l’origine ethnique des élèves (Safi, 2010). Ce lien entre discriminations ressenties et bien-être s’explique probablement par l’effet produit sur les aspirations sociales et scolaires. Ce sont en tout cas les hypothèses de départ de cette contribution, qui ne sont que partiellement vérifiées.

Conclusion (extrait)

Finalement, nos résultats nous permettent de conclure que le bien-être scolaire est au moins en partie une construction organisationnelle. Par ailleurs, une tendance lourde se dégage, celle de la dégradation du bien-être au fur et à mesure de l’avancement de la scolarité ; ce qui est à la fois le résultat du processus de socialisation scolaire et l’effet de l’entrée dans l’adolescence. L’une de nos hypothèses consistait à tester l’effet du ressenti des discriminations sur le bien-être, dont nous pensions qu’il pouvait être plus fort que l’effet de l’appartenance à un groupe minoritaire. C’est ce que nous avons pu vérifier, puisque si les écarts bruts montrent un fort lien entre score ethnique et bien-être, les modèles de régressions montrent qu’une fois le score ethnique maintenu stable, le ressenti des discriminations explique une bonne part du bien-être scolaire. Par ailleurs, et en accord avec le travail de Mirna Safi (2010), nous cherchions à vérifier le fait que le lien entre ressenti des discriminations et bien-être s’expliquerait par les anticipations scolaires et sociales. Nous n’avons pas validé cette hypothèse, puisque le lien entre bien-être et aspirations est établi mais pas celui entre ressenti des discriminations et aspirations. Différentes pistes interprétatives peuvent être avancées et il est probable que cela s’explique par le fait que le bien-être joue un rôle médiateur entre les deux autres dimensions, ce qui place l’analyse du bien-être scolaire au centre de la réflexion. Enfin, le fait d’inclure le statut scolaire des élèves amène beaucoup à la compréhension du phénomène. On a pu voir que ce sont les élèves non-redoublants, – qui sont par ailleurs ceux qui ressentent le moins les discriminations –, pour lesquels celles-ci affectent le plus fortement le bien-être. Pour les élèves redoublants au contraire, cet évènement dans leur parcours scolaire vient affecter lourdement leur bien-être dans les établissements.

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