Ces dernières années ont été marquées par l’introduction dans le débat public de réflexions relatives aux questions identitaires. À ce titre, les émeutes des banlieues que connut la France en novembre 2005 représentent une référence significative, tant ces évènements donnèrent lieu à une lecture et des commentaires totalement ethnicisés, aussi bien de la part des personnalités politiques notamment de droite que des journalistes. Au-delà d’une somme de commentaires lapidaires entendus, cet événement semble avoir mis à l’ordre du jour la nécessité de traiter enfin plus sérieusement la question de la discrimination raciale dans notre pays. Il apparaît en toute évidence que cette problématique questionne fortement notre modèle d’intégration républicain !
Si l’épisode autour du soulèvement des banlieues en 2005 ne représente pas à lui seul l’événement ayant marqué l’actualité en matière de discrimination, force est de constater cependant, que ces dernières années nous sommes passés du silence presque total à la reconnaissance officielle de ce problème. La redécouverte de la question coloniale, en particulier à propos de la loi du 23 février 2005, la réévaluation de l’histoire de la traite des noirs, l’émergence des indigènes de la république et du CRAN, etc., tous ces éléments ont suscité une forte mobilisation d’acteurs et une intense polarisation de débats autour de ce qui est devenu ce lieu commun des relations ambiguës entre la république et l’histoire passée et présente de notre nation. (...) Dans une période où la dimension ethnique ou culturelle apparaît de plus en plus marquée dans le champ médiatique, il nous semble légitime d’identifier la nature des réponses politiques mises à notre disposition. Il s’agit alors de porter une attention particulière et de savoir en l’occurrence si celles-ci parviennent à apaiser les tensions, ou au contraire, si elles sont génératrices de tensions accrues. (...)
Dans ce contexte, il nous a semblé intéressant et nécessaire de réfléchir à cette question dans le cadre de l’école. En effet, outre sa mission première de transmission des connaissances, l’école s’est historiquement révélée être l’un des principaux outils de diffusion de la culture républicaine. (...) Comment, en partant de la tradition française qui interdit de différencier les populations présentes sur son territoire, mettre en place des réponses éducatives susceptibles de corriger les limites liées à la méritocratie ? Cela, dans une double perspective où l’effondrement de la classe populaire en raison de la crise affecte la confiance quant aux missions relatives à l’école et où celle-ci — compte tenu de l’ethnicisation des rapports sociaux à l’oeuvre dans la société — est interrogée sur sa capacité à assurer le rôle qui lui a toujours été dévolu de constructeur de la culture nationale. (...) Cette étude de l’ethnicité en milieu scolaire doit nous permettre de comprendre comment, dans ce climat instable, une vision du ethnicisée du monde ethnique se construit.