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Faire et défaire le genre à l’école

Compte-rendu écrit et vidéo de l’intervention de Joëlle Braeuner à la formation "La discrimination à l’école : publics problèmes ou problèmes publics ? Le rôle de l’institution scolaire dans la fabrication des catégories d’élèves" – 18 et 19 Décembre 2014

Enregistrer au format PDF  Version imprimable de cet article Version imprimablemardi 23 juin 2015, par Maëlle MOREL

Joëlle Braeuner est formatrice « genre et égalité » et doctorante en études de genre à l’Université Paris 8 et sociologie à l’UQAM. Elle travaill pour le Centre National d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles et formatrice indépendante dans le champ de la lutte contre les discriminations, le genre et l’égalité.


« Laura a trouvé le poste de ses rêves » et « Julien a trouvé un poste à la hauteur de ses ambitions ». Laura souhaite vivre de sa passion alors que pour Julien il s’agit simplement de la concrétisation de son projet professionnel. Voici ce que l’on peut lire sur des affiches de recrutement des enseignant-e-s datant de 2014.

 Qu’est-ce que le genre ?

Le genre pour Joëlle Braeuner possède deux dimensions : celle de la séparation et celle de la hiérarchie. Sur la base des données anatomiques de la différence des sexes va se constituer la « catégorie homme » et la « catégorie femme ». Cela ne va pas de soi car il existe différentes situations où il est impossible de procéder à une différenciation, à une séparation. Cette interprétation de la différence des sexes est le fruit d’une construction sociale et historique (bien mise en évidence par Thomas Laqueur dans la fabrique du sexe en 1992). La seconde dimension du genre est celle qui consiste à hiérarchiser. Les compétences dites féminines possèdent moins d’importance que les compétences dites masculines.

Si depuis 40 ans, le concept de genre s’est inscrit irrévocablement dans le champ scientifique, il est toujours l’objet de tensions et de débats sur le plan politique, ainsi qu’en témoigne sa disparition du vocabulaire de l’Education Nationale, depuis la polémique sur les ABCD de l’égalité. Cette polémique s’organise autour de la remise en cause de l’hétéro-normativité. Cela consiste à dire que la seule sexualité légitime est l’hétérosexualité et que toute autre forme de sexualité est une sexualité déviante ou marginale. Ainsi, parler du concept de genre remet en cause cette hétéro-normativité car on pose le fait que le genre est une construction sociale et non une donnée biologique.

Travailler sur le genre c’est exercer une sorte de déconstruction de ce qui est posé comme étant un ordre naturel, de dénaturaliser ce qui relève des rapports sociaux, de sortir d’un certain déterminisme qui serait soit la volonté divine, soit un impératif de la Nature. Travailler sur le genre c’est aussi mettre en évidence tous les mécanismes qui contribuent à créer des catégories. Ces catégories, qui sont, rappelons-le, une construction sociale ! Par ailleurs, il n’est pas envisageable de parler des questions de genre sans parler des classes sociales, de la race au sens sociologique du terme ou encore de la sexualité des individus. Ces quatre axes vont se combiner pour former des configurations particulières propres à chaque situation.

 Le genre et les pratiques pédagogiques en action

Joëlle Braeuner a ensuite fait travailler l’assemblée sur des situations qui ont conduit à une inégalité ou une égalité entre les filles et les garçons. A partir de ces situations, il fallait en dégager les questions et les enjeux. Enfin, il fallait nommer les stéréotypes et les représentations à l’œuvre dans ces situations. Certains groupes ont évoqué les évaluations et les sanctions. Selon le sexe des élèves, les enseignants n’interprètent pas de la même manière leurs comportements. Il s’agit de la valence différentielle des sexes [1]. Par exemple, les garçons sont davantage interrogés sur leur esprit scientifique (la spéculation, la déduction, l’hypothèse…). Les questions posées aux filles sont davantage d’ordre pragmatique et instrumental (rappel des règles, dessiner des schémas au tableau, rappel de ce qui a été vu ou appris le cours d’avant …).

La conscientisation de tous ces comportements par les enseignant-e-s est paradoxale. Ils ont certes envie de changer leurs comportements mais dès qu’ils modifient leurs habitudes, ils ont l’impression de pénaliser les garçons. Ce qui signifie, que la norme c’est de privilégier les garçons ! Et si l’on généralise, on se rend compte que la norme c’est de privilégier les dominants. Lorsque l’on est du côté de ceux qui subissent la discrimination (accès à un emploi, à un logement interdits…) cela signifie que l’on n’a pas accès à un privilège et généralement cela est conscientisé. Par contre, le fait d’être du côté des dominants (avoir un logement, avoir un emploi) n’est pas considéré comme un privilège, cela est considéré comme normal. Donc lorsque l’on souhaite diminuer les inégalité entre dominants et dominés, on a le sentiment d’être injuste envers la catégorie des dominants. Or ceci est faux, il s’agit simplement d’une transformation de nos habitus (P. Bourdieu). Il faut donc créer des postures qui vont nous permettre de surmonter la façon dont ces changements nous affectent.

Joëlle Braeuner rappelle qu’il ne faut pas essentialiser les propos mais toujours les regarder sous plusieurs aspects (concept d’intersectionnalité). Ce concept invite au croisement des rapports sociaux (de classe, de race, de sexe,...) qui donnent lieu à des configurations spécifiques en fonction des situations.

 Une société aux mains des hommes

Joëlle Braeuner, suite à une autre question, présente le fait que les filles perçoivent mieux les codes et les enjeux de l’école que les garçons, ce qui les amènent à faire de bonnes carrières scolaires mais cela ne se traduit pas en d’excellentes carrières professionnelles. Selon le Programme des Nations Unis pour le Développement, si l’on compare le travail (toute activité qui va accroître le bien-être, les biens et les services d’un groupe donné) des femmes et le travail des hommes - ce qui implique tout le travail invisible des femmes (l’éducation des enfants, le travail domestique, le travail dans les champs non rémunéré etc…) - les chiffres donnent les résultats suivants : 70 % du travail mondial est effectué par les femmes et 30 % par les hommes avec 10 % des revenus mondiaux détenus par des femmes et 90 % par des hommes… Par ailleurs, la propriété (les terres, les biens, moyens de production) est détenue à 1% par des femmes et 99% par des hommes. Ce régime qui produit ce différentiel aussi gigantesque est le patriarcat. Il s’agit d’une organisation qui se justifie par l’appropriation du corps et du travail des femmes par les hommes.

Il existe 4 grands rôles qui vont organiser une société : le rôle de reproduction (faire des enfants et les élever), le rôle de production (fabriquer tout ce qui est nécessaire à la vie), le rôle communautaire (les liens entre les personnes, les liens entre les morts et les vivants) et le rôle politique (l’organisation du pouvoir au sein de la société ainsi que les relations avec les autres groupes). Ces quatre grands rôles sont les axes de structuration d’une société. Actuellement, les rôles politiques, communautaires et de production sont détenus par des hommes. Seul le rôle de reproduction n’est plus seulement aux mains des hommes car les femmes sont libres de choisir d’avoir des enfants ou non (Loi Neuwirth 1967– accès à la contraception et Loi Veil 1975– Dépénalisation de l’IVG).

 Devenir sujet

Pour Foucault, l’assujettissement renvoie à deux notions. Il y a, à la fois, être limité, contraint et attaché à quelque chose mais il y a aussi le fait de devenir un sujet. Chaque personne sera définie, dès sa naissance, comme étant homme ou femme et devra se plier à un certain nombre de contraintes liées à la catégorie à laquelle elle appartient ; ceci est l’assignation. Il existe aussi le mouvement interne par lequel chacun va y répondre ; il s’agit de l’identification. Chaque individu se positionne par rapport à cette assignation : soit il y consent soit il la refuse. Si l’individu souhaite s’extraire de cette assignation, son identification sera remise en question. En effet, la société perçoit les individus d’une certaine façon, selon des attentes particulières, ainsi les comportements des personnes se doivent être en conformité avec ce qu’attend la société des individus.

 Genre, classe, race, l’intersectionnalité des rapports sociaux

Joëlle Braeuner va tenter de donner des clés qui vont permettre de s’approprier ces questions tout en conservant à l’esprit que ces questions sur le genre sont à combiner avec d’autres paramètres (la classe sociale, la « race » etc…). Par exemple, les jeunes filles voilées font partie d’une catégorie particulière qui font l’objet dans l’école d’un traitement discriminatoire, entériné par la loi de 2004 car ce ne sont que des femmes qui sont concernées par le voile d’une part et d’autre part car le voile étant interprété comme étant le signe d’appartenance à une confession religieuse. Par ailleurs, ce mécanisme de production d’une catégorie particulière est à contextualiser, à historiciser. Le fait de porter le voile à l’école est devenu problématique et a engendré des débats à un moment donné. Autre exemple, une étude a montré (Brinbaum & Kieffer 2009) que trois fois plus de garçons, dont les noms de famille avaient une consonance « arabe », sortent du cadre scolaire sans diplôme par rapport à des garçons dont les noms de famille ne portent pas cette consonance. Cette distinction n’existe pas chez les filles. On a donc la constitution d’une catégorie spécifique "garçon arabe" que les médias vont contribuer à réifier. Toutes ces questions sont mises en débat dans les champs scientifique et politique. En effet, les questions sur le port du voile interrogent directement dans le cadre des débats sur la laïcité mais aussi au sein du féminisme.

 l’Ecole : émancipatrice ou reconductrice des normes ?

La suite de l’intervention est basée sur le fait qu’il existe un phénomène de domination masculine dans la société. Par ailleurs, l’école a son rôle à jouer sur ces questions en tant qu’institution, qui est traversée par une tension entre émancipation par rapport à la reconduction des normes et reproduction des rapports sociaux. Quelle va être la participation de l’école dans cette socialisation ? Va-t-elle chercher à maintenir la norme (prédominance du masculin sur le féminin) ou à favoriser le pouvoir d’agir du sujet ? Quels vont être les rôles et les responsabilités des acteurs et actrices du système éducatif dans cette socialisation ?

Pour tenter de répondre à ces questions, les réflexions graviteront autour de l’établissement scolaire. L’établissement est une mini-société en tant que telle où va se produire une reconduction des rapports sociaux qui sont vécus à l’extérieur de l’établissement. Avec les questions de fond suivantes : qui fait quoi dans les établissements ? Comment le travail est-il organisé ? Qui s’occupe du ménage et de l’entretien ? Qui s’occupe de l’esprit des élèves ? Qui enseigne les matières scientifiques ? Qui enseigne les matières littéraires ? Qui dirige ? Qui est dirigé ? Toutes ces questions sont à l’image de ce qui se produit dans la société.
Le cœur de cette intervention est surtout de permettre aux professionnel-le-s d’agir afin de permettre une émancipation des jeunes et une égalité à tous points de vue. Lorsque l’on est un/une agent de la République, la question de l’égalité est centrale. D’ailleurs, cette notion peut faire l’objet de confusion : en effet, on peut percevoir l’égalité comme le fait d’être tous les mêmes ou comme le fait de posséder les mêmes droits :
- La première conception fait référence à une égalité mathématique (il existe une égalité entre deux termes). Une égalité mathématique suppose une identité.
- Or, une égalité politique (deuxième conception) ne fait pas appel à un constat du réel, ce n’est pas palpable, cependant, on va pouvoir la vérifier.

L’égalité, pensée comme principe d’organisation de la vie sociale, en France date de 1792 (chute de la Monarchie). La déclaration des droits de l’homme et du citoyen ne confère de droits seulement aux hommes. Les femmes sont exclues de la sphère de la citoyenneté. Ainsi, l’opposé de l’égalité ce n’est pas la différence mais l’inégalité. Et l’égalité n’est pensable que parce qu’il existe des différences. Parmi ces différences, certaines sont saillantes, certaines sont des principes d’organisation de la vie collective, dont le genre. Le genre n’est pas seulement une différence. Ce qui est de l’ordre de la différence c’est la différence des sexes. Mais tout ce qui va s’attacher au genre (sexe social) est de l’ordre d’un apprentissage, d’une construction, d’un assemblage et non de l’ordre d’un déterminisme naturel, inné ou biologique.

On va très souvent rendre compte des inégalités produites par le genre en se référant aux différences biologiques. Pour déconstruire cela, Joëlle Braeuner explique qu’un enfant qui naît a un pénis ou n’en a pas. A partir de cela on le nommera garçon ou fille. Sur cette attribution de genre, en effet, dire qu’il est de sexe féminin ou masculin est une attribution de genre, va se construire une socialisation différentielle. En effet, les filles et les garçons ne grandissent pas dans les mêmes univers : par exemple, les catalogues de Noël proposent des jouets de différentes valeurs, différentes compétences pour les jouets dits « pour filles » et ceux dits « pour garçons ». Les filles et les garçons sont invités de façon différente à s’approprier le monde. Ces catalogues s’appuient sur les normes dominantes pour faire acheter les consommateurs/trices. S’ils transgressaient la norme, ils réduiraient considérablement leurs ventes.

Cependant, on remarque que la transgression pour les filles est moins grave que pour les garçons. En effet, une fille qualifiée de « garçon manqué » est perçue, par les autres et par elle-même souvent, comme une montée en prestige car on passe du registre féminin au registre masculin. Il y a une montée de valeur. Par contre, le contraire est beaucoup moins bien perçu car il existe une baisse de valeur.

 Quelles actions possibles pour sortir du processus de reconduction de la norme ?

Quels gestes professionnels familiaux renforcent ou réduisent les écarts de comportement perçus entre filles et garçons ? Quels sont les leviers d’action pour sortir des processus de socialisation genrée ?

Cette socialisation, étant différenciée, va conduire à l’appropriation et au développement de comportements, d’attitudes et de comportements différenciés. Si à l’école, les garçons sont dans des comportements beaucoup plus actifs, d’occupation de l’espace physique et sonore c’est parce que l’on les y a invités. Les filles et les garçons sont donc invités à adopter des rôles sociaux différenciés. Ce que la société attend des filles et des femmes actuellement c’est qu’elles mettent au monde des enfants, qu’elles les élèvent et qu’elles prennent soin de la vie ; rendre possible la vie dans son substrat matériel.

L’appareil de pensée, qui nous permet de lire le monde et d’en comprendre quelque chose (la philosophie, les sciences humaines…) a été constitué par des hommes.

Dès lors que l’on analyse les rôles sociaux et que l’on met en évidence les inégalités qui en découlent, on va être renvoyé à l’ascenseur du sexe : c’est parce qu’il existe une différence de sexe que l’on va justifier de toute sorte de manière, par des arguments biologiques en particulier, que les inégalités existent. Ce raccourci-là, il faut constamment le remettre en question. Il ne faut pas se contenter d’une justification des inégalités par le recours à la nature. Il faut donc reprendre tout le processus de la construction sociale.

Dans un établissement scolaire, la première chose à faire est de voir : il faut passer par une phase d’observation des comportements, attitudes etc… cela n’est pas chose facile ! Il s’agit ensuite de les décrypter et de les analyser. Si une situation nous alerte, on peut essayer d’inverser les polarités et voir si les mêmes choses sont produites. Si cela s’avère différent, alors il s’agit d’une situation où le genre est mis en œuvre. Le genre est mis en scène à travers des espaces et des acteurs. Selon nos rapports sociaux, le genre va être mis en scène de différentes manières : être la fille de son père ou la sœur de son frère ou la collègue de travail nous imposent différentes dimensions de nous-mêmes. En effet, nous sommes des êtres multifacettes et les dimensions de notre identité sont complexes et traversées par l’ensemble de ces rapports sociaux et à l’intérieur de toutes ces influences, nous sommes des acteurs au double sens du terme : agissant et metteur en scène. Nous disposons donc d’une marge de manœuvre qui peut être de l’ordre de la transgression ou de la subversion si l’on se décale par rapport à la norme. En tant qu’enseignant-e, il est important de se demander comment traiter les élèves qui se décalent par rapport à la norme ? Comment les soutenir dans leur processus émancipatoire ? Comment les accompagner ? Pour cela il est nécessaire d’avoir conscience des rapports qui se jouent entre les filles et les garçons. Il faut passer par une réflexion collective où l’on va pouvoir, dans un contexte sécurisant et bienveillant, s’interroger mutuellement sur nos pratiques.

 La question de l’orientation

L’orientation, qui est un objet de travail en soi, implique le rapport différencié aux filières et aux matières ainsi que la vie professionnelle. L’école joue un rôle de sélection par rapport au monde socio-sexué du travail. Est-ce que l’école va contribuer à faire en sorte que les filles exercent des métiers qui concernent le soin, l’éducation et le service ? Actuellement, sur les 83 filières de Pôle Emploi, 60 % des femmes se répartissent sur 10 filières. Alors que la population masculine se ventile sur les 72 autres filières. Il est donc du rôle de l’école de ne pas véhiculer de messages inconscients sur ce qu’il est licite d’espérer en tant que fille ou garçon. L’école est un des espaces de socialisation mais elle n’est pas le seul. Il existe la famille, les paires ainsi que les médias qui eux aussi vont abondamment relayer l’ordre du genre. Cependant, si ce qui est dans le pouvoir de l’école ne se fait pas – et si cela ne se fait pas non plus au sein des autres sphères de socialisation - il y a alors peu d’espoir quant à l’émancipation des individus.

Par ailleurs, il est nécessaire de travailler sur les processus et les manières de travailler qui conduisent à certains choix. Certains processus vont favoriser l’émergence de stéréotypes. Il est donc nécessaire de les analyser.
La question de l’orientation fait écho aux questions d’évaluation. Des études ont montré que, les enseignant-e-s notent de façon différente selon le sexe des élèves.

Enfin, cette question d’orientation fait appel à la question des rapports aux savoirs : il s’agit, pour un garçon, de s’autoriser à investir les Lettres et pour une fille, de s’autoriser à investir les Sciences. Des études ont démontré que pour une tâche égale, présentée de manière différente, les garçons et les filles ne réussissaient pas de la même façon. Un même travail présenté en Géométrie et en Arts Plastiques était réussi de manière différente. En effet, la tâche était moins bien réussie par les filles lorsqu’il s‘agissait d’un travail de Géométrie alors qu’il était mieux réussi lors du travail en Arts Plastique. C’est l’effet Pygmalion : les garçons et les filles ont intériorisé la norme attendue donc la performance attendue. Une autre étude a été menée dans une halte-garderie avec des enfants de 18 mois. Ces enfants jouent en groupe mixte avec des objets particulièrement stéréotypés (poupée, fer à repasser, camion, marteau…). Lorsque ces enfants sont seuls, ils jouent avec tout. A partir du moment où un/une adulte est présent-e dans la pièce, les garçons vont aller vers les choix stéréotypés masculins et les filles vont se rendre vers les choix stéréotypés féminins. A 18 mois, un enfant a déjà une Théorie de l’Esprit ; il sait, par expérience, quel est le comportement qui va être valorisé par l’adulte selon son choix. Ce sont tous les mécanismes de renforcements positifs ou négatifs qui vont lui permettre d’intégrer cela. Par ces effets de renforcements positifs ou négatifs, les enfants vont multiplier et développer certains comportements ou les abandonner. C’est ce qu’il se passe pendant toute la trajectoire scolaire qui va conduire à l’expérimentation du « Curriculum Caché » : en même temps que d’être brillante sur le plan intellectuel, les filles peuvent être inhibées par rapport à l’expression de soi, la confiance, la manifestation d’un point de vue, la contestation, la prise d’opinion …

Les enfants savent ce qu’est le genre avant de savoir ce qu’est le sexe.

Grille d’observation : aide pour les professionnels de l’éducation

Grille d’auto-observation

Joëlle Braeuner propose au personnel éducatif une grille d’auto-observation qui définit les objets de travail. L’objectif de cette grille est de permettre de prendre de la distance par rapport au quotidien et à sa pratique professionnelle. Cette grille peut aussi servir de support d’échanges entre collègues.

Joëlle rappelle qu’il est important de sortir de la culpabilité lorsque ces thèmes sont abordés car nous sommes toutes et tous né-e-s dans ce système-là, nous sommes nécessairement imprégnés mais c’est notre histoire, combinée avec nos rapports sociaux qui va faire que l’on va adopter des comportements et avoir un point de vue unique sur des situations. L’intérêt est de mettre ces points de vue en dialogue, de prendre conscience qu’il existe d’autres manières de faire et de penser et ceci sans culpabilité.

Qu’est ce qui a fait, dans mon parcours, que je me sente concerné-e par ces questions ? Pourquoi je m’engage dans la lutte contre les discriminations ? Comment l’égalité me concerne-t-elle ? Cela est intéressant à identifier car s’engager sur un terrain aussi miné nous expose à de la violence, autant symbolique que physique. Par-là, on remet en question l’ordre social. Pour les opposants au Mariage pour tous, contester l’ordre social mènerait à la fin de la civilisation et par conséquent, la fin du monde. Il s’agit plutôt de la fin d’un monde. Aujourd’hui, nous sommes à une période charnière ; le monde du patriarcat est bouleversé et déstabilisé, et l’on ne sait pas vers où l’on se dirige. Cela n’est jamais arrivé que l’on puisse envisager que les femmes et les hommes possèdent la même valeur et qu’ils puissent aspirer à des choses communes. L’angoisse que ceci génère peut susciter de la violence.

Pour terminer, voici quelques idées pour parler du genre au sein des établissements : afficher sur des panneaux des articles qui vont questionner certaines pratiques ou mettre en lumière des faits d’actualité, créer des alliances avec des personnes avec qui il sera possible de dialoguer et d’échanger…

Voir en ligne : Pour aller plus loin : Faire et défaire le genre à l’école, mémoire de MASTER 2 "Genre(s), pensées de la différence, rapports de sexe", Joëlle Braeuner

Documents joints

Notes

[1voir le document joint "Quelques concepts utiles sur le genre et le sexe"

1 Message

  • le genre à l’école...et à la maison Le 24 juin 2016 à 11:26, par AZUELOS Marie-Agnes

    Bonjour,

    votre travail très intéressant rejoint le notre : nous venons de produire un web-documentaire L’école du genre. Allez le voir, allez sur notre page facebook et s’il vous plait, partagez...

    Une plateforme pensée comme un outil pédagogique, qui décrypte ce qui dans notre éducation nous fait fille ou garçon. Ce projet réalisé par Léa Domenach et Jean-Paul Guirado a été écrit par Brigitte Laloupe et produit par Enfin Bref production avec pour partenaires la Cité des sciences, le planning familial et le centre Hubertine Auclert.

    Le lien de la page facebook : https://www.facebook.com/ecoledugenre/?fref=ts
    Le lien à retrouver (et à partager) ici : www.ecoledugenre.com

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