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« Y-a-t-il des élèves musulmans dans la classe ? » Françoise Lorcerie, université d’Aix-Marseille

Enregistrer au format PDF  Version imprimable de cet article Version imprimablejeudi 24 mars 2016

L’intervention présente les résultats d’une recherche sur 11 villes européennes – dont Marseille - et la vie des musulmans dans ces villes : « Chez soi en Europe ».

Ecouter l’intervention de Françoise Lorcerie

Difficulté d’utiliser la catégorie « musulmans » :
- quelqu’un qui se réfère à cette religion
- quelqu’un qui n’a pas cette religion mais qui se reconnaît dans la culture liée à cette religion
- quelqu’un qu’on perçoit du fait de son apparence comme relevant de la civilisation musulmane

Il reste une ambiguïté : quel est l’impact de la catégorie social « musulman » dans certains aspects de la vie social et dans la façon dont les politiques voient le problème ?

Outils de la recherche :
- 200 questionnaires dans un quartier de Marseille : musulmans (dans le sens de l’auto-déclaration mais avec des enquêteurs d’apparence musulmane, comoriens et algériens) et non-musulmans (avec des enquêteurs d’apparence non-musulmane)à part égale et hommes et femmes à part égales.

Réponse de l’Inspecteur d’Académie : « Il n’y a pas d’élèves musulmans à l’école ». Entretien avec d’autres personnes en responsabilité dans l’Education Nationale. La réponse de l’IA est aussi une forme de protection qui n’est pas forcément négative. (cf : rapport commission Debré sur la question du voile en 2003)

C’est une question sensible : l’ETHOS de notre système éducatif fait que les enseignants ne reconnaissent que l’élève dans l’enfant, l’école n’a rien à faire des identités privés des élèves.

C’est une question sensible liée à la laïcité : mais il y a un glissement de la laïcité de droit à une laïcité idéologique qui envahit l’école (cf rapport du conseil d’état de 2004 p245)

Sur le plan du droit la laïcité se réfère à la neutralité de l’état, à l’égalité et la non-discrimination, à la liberté religieuse.

Mais la laïcité idéologique sape le caractère libéral de la laïcité de droit en restreignant peu à peu le droit des élèves dans l’espace scolaire puis des citoyens dans l’espace public. On aboutit à une défense de l’identité nationale qui attise les peurs.

Le rapport Stasi de 2003 définit la laïcité ainsi : elle touche à l’identité nationale et à la cohésion du corps social, ce qui n’est donc pas dans nos habitudes et donc contraire à la laïcité.

Cette vision de l’Islam comme menace est contredite par toutes les enquêtes qui montrent que les musulmans européens partagent les valeurs démocratiques et sont plutôt modéré dans leur pratique religieuse.

On accuse l’Islam de pratiquer l’inégalité entre l’homme et la femme et de confondre religion et politique. Mais ces accusations ne résistent pas à l’enquête sociologique.

30% des garçons d’origine magrébine finissent sans diplôme… Est-ce vraiment les filles qu’il faut protéger à l’école ?

Une question à ne pas éluder :
- Il y a des élèves musulmans parce que cela importe à la moitié d’entre eux (ceux qu’on considère comme musulmans) : ils placent l’Islam comme un élément important de leur identité et pour l’autre moitié (qui ne se disent pas croyant) c’est important que les autres ne soient pas humiliés dans leur identité religieuse.
- Il n’y a quasiment pas d’incident lié à la religion musulmane dans les institutions scolaires de Marseille.
- Des dynamiques complexes de l’identité majoritaire : l’école n’est pas protégée de ces dynamiques. Dans certaine condition scolaire on s’appréhende comme français normal, catholique. Du côté des agents de l’école, l’identification au groupe majoritaire joue aussi un rôle : on a du mal à gérer la binationalité, on est mal à l’aise.
- Les missions de l’école pour tous les élèves : cognitives, citoyennes. Les connaissances dispensées par l’école permettent-elles aux élèves de comprendre le monde ? Les valeurs transmises permettent-elles aux élèves de se croire solidaires quelles que soient leurs appartenances ?

Les blessures des musulmans français sont à penser et à panser…

Voir en ligne : Lire le rapport de la recherche à Marseille réalisé par Françoise Lorcerie et Vincent Geisser

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